Mort
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"Deux petits pas sur le sable mouillé"
"Quelqu'un a dit que la vie était une succes- sion de séparations. Depuis la naissance, jusqu'à la mort. Des séparations physiques, d'autres psychologiques. Des séparations temporaires, d'autres définitives. Des séparations en demi-teintes, d'autres radicales. Des séparations douces, d'autres violentes. Des éloignements, des émancipations. Des arrachements, des déchirements. "
Anne-Dauphine Julliand
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Tu es là....
"Une petite cantate
Du bout des doigts
Obsédante et maladroite
Monte vers toi
Une petite cantate
Que nous jouions autrefois
Seule, je la joue, maladroite
Si, mi, la, ré, sol, do, fa"Barbara
Nouvelle consigne des Impromptus littéraires : "Une heure avant de mourir"
Que suscite en vous cette phrase?...
A Marguerite, ma grand-mère….
Une heure avant de mourir,
Tu étais belle,
Tu l’attendais depuis si longtemps,
Tu semblais sereine.
Tu disais que tu avais eu une belle vie
Et que cela suffisait maintenant,
Que tu en avais assez,
Que 100 ans c’était trop vieux !
Que tu n’en pouvais plus d’attendre.
Puis, tu n’as plus parlé,
Tu m’avais tout dit,
De toute façon, nous n’avons jamais eu besoin de mots
pour nous comprendre….Tu réagissais à ma voix,
A mes mains sur ta peau,
Tu respirais fort,
Ton visage semblait reposé,
Tu semblais lâcher prise tout doucement.
Tu m’as laissée rentrer chez moi,
On m’a appelée pour me dire que tu n’étais plus.
Je suis venue,
Je n’ai pas aimé la rigidité de ton corps,
La froideur de ta peau…
Je t’ai coiffée,
Je t’ai embrassée,
Puis il m’a fallu te laisser partir…
Pas si loin que ça,
Puisque tu es toujours là !
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Mon bulletin pour Michel Onfray !!!
Encore et toujours....
Cet homme était sur France Inter au
Grand Entretien mai 2012.Morceaux choisis...
Deux choses m'ont amené à la philosophie : les femmes et la mort.
La mort c'est résolu ! Pas la femme ! C'est toujours un mystère pour moi, un mystère merveilleux. Je trouve toutes les femmes, des petites filles aux grand-mères magiques, merveilleuses, formidables, extraordinaires et c'est tant mieux que le mystère demeure. La mort, cela a été ma grande angoisse, ma grande peur, ma grande inquiétude. Moi, quand je suis né, j'avais un vieux papa, et donc j'ai eu peur qu'il meurt très vite, très tôt et tout le temps,et puis, il a bien fallu que ça eu lieu il m'a fait le cadeau de m'offrir ça, dans mes bras, il avait 88 ans,, bon voilà... donc évidemment j'ai changé d'avis. Evidemment cela me terrorisait, adolescent je me demandais quel sens avait l'existence si l'on devait mourir... . Lucrèce apporte des réponses très concrètes sur la question de la mort, des réponses d'Epicure : si la mort est là, je ne suis plus, si je suis là, elle n'y est pas encore.. On se dit là, un beau jeu de mot ! Pas du tout. C'est très efficace de comprendre que l'on ne peut pas se pourrir la vie avec l'idée de la mort. Quand elle arrivera ce sera déjà bien assez tôt. On ne va pas faire de telle sorte que la mort soit présente au quotidien toute notre existence. Attendons qu'elle soit là et quand elle sera là, on verra bien. Mais, quand on verra bien, on aura aussi les moyens de l'envisager, c'est la question de l'instant. Savoir habiter l'instant, ne pas parasiter l'instant par le passé ou par le futur.
Le présent, il faut d'abord savoir qu'il existe, le repérer et être capable d'en faire une description ou d'en avoir une sensation ou de percevoir de manière très émotive, d'être dans la jouissance du pur instant, savoir que cela existe. Ensuite se dire que si on le laisse, cet instant, parasité par le passé, c'est peine perdue parce qu'on a aucun pouvoir sur le passé, en revanche, on a du pouvoir sur les représentations que l'on a du passé. On peut se dire, j'aurais dû faire ceci, j'aurais pas dû faire cela, j'aurais jamais dû rencontrer telle personne, j'aurais jamais dû lui faire confiance, ou j'ai été jeune et je ne le suis plus...ou j'ai été riche, je ne le suis plus...On ne va pas pourrir l'instant avec le passé, pas plus avec le futur en disant plus tard, je serai peut-être gros, malade. Oui bien sûr, on va être malade, on va mourir, on va vieillir, on va souffrir, on va être trahi, on va trahir, on va tromper, etc....
Quand on a déjà compris ça, c'est à dire, éviter les interférences entre le passé et l'instant présent et le futur et l'instant présent, qu'on a dégagé le présent en se disant vivons comme quelque chose d'extraordinaire puisqu'il ne reviendra jamais, que les plats ne repassent pas et qu'il faut densifier chaque instant, le vivre comme si c'était le dernier instant et en faire une belle chose ! Alors, à ce moment là, on a réussi à résoudre le problème de la mort.
Le surhomme est une proposition de sagesse contemporaine. Ce que Nietzsche nous propose dans le surhomme... c'est une invitation à vivre ! On devrait dire, le surhumain parce que ça marche pour les femmes aussi, c'est une invitation à savoir que nous sommes des fragments du cosmos, que nous ne sommes pas libres, comme cette connaissance-là donne une sorte de béatitude, grande leçon de Spinoza et qu'en aimant ça, « amor fati » (Nietzsche) on découvre une espère de joie, de pur plaisir d'exister.
"Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup." Albert Camus
Je pense qu’on fait avec le corps que l’on a, et que l’on a des énergies plus ou moins importantes, des configurations différentes. Il n’y a pas un modèle d’être libidinal qui vaudrait pour tout le monde et donc une configuration physiologique, puis après, une configuration psychologique, personnelle, subjective avec des gens qui ont des complexions (exhibitionniste, maso, voyeuriste…) toutes ces pulsions sont normales, et qu’après on en fasse quelque chose… un jour on rencontre la société, qui dit oui d’accord ça, ça pas d’accord. Cette configuration fait que l’on entre depuis Saint Paul, depuis le christianisme dans une formule qu’est celle de la monogamie, de la fidélité, de la cohabitation et des enfants : il faut quand on aime, n’aimer qu’une personne, vivre avec cette personne lui faire des enfants et éventuellement on peut divorcer et puis on recommence… le reste c’est dans l’hypocrisie, c’est la tromperie, c’est ce genre de chose. Moi, je ne suis pas dans cette logique là, je ne pense pas que ce soit « le » modèle, c’est « un » modèle. Le modèle cela peut convenir à des gens, d’autres modèles peuvent convenir à d’autres personnes aussi et je pense qu’il nous faut définir l’amour très subjectivement. Je pense que l’on aime quand on a envie de vieillir et de mourir avec quelqu’un. Alors on peut dire non, aimer c’est réservé son corps à quelqu’un, c’est la fidélité sexuelle par exemple et si on n’est pas fidèle sexuellement c’est qu’on n’aime pas. C’est tout l’enjeu de la vie d’Albert Camus, on dira ; il a eu beaucoup de femmes dans sa vie, oui d’accord mais il en a eu une qu’il n’a pas quittée, non plus. Et quand elle a eu de vrais problèmes de santé, qu’elle a été hospitalisée, il était là, il a annulé des voyages, des déplacements. Bien sûr qu’il y avait des occasions de folâtreries ici et là, ailleurs avec d’autres femmes, mais il y avait sa femme, son épouse, la mère de ses enfants…
Il faut tout dissocier, l’amour, la sexualité, la procréation, la cohabitation, les enfants. On sait aujourd’hui qu’on peut différencier les enfants de la sexualité de la procréation, on peut avoir une sexualité sans enfant, il suffit d’utiliser des moyens contraceptifs, on peut même avoir des enfants sans sexualité, il suffit d’utiliser des procréations médicalement assistées, on peut avoir des relations sexuelles avec des gens que l’on n’aime pas, on peut avoir des relations sexuelles avec des gens que l’on aime, on peut aimer des gens avec lesquels on n’a pas de relation sexuelle, toutes les configurations sont possibles. Il y a juste des choses que l’on ne dit jamais, les gens ne disent pas quel effet le temps a eu sur la libido de leur couple, tout le monde fait semblant de dire c’est parfait, extraordinaire, fantastique.
Il faut imaginer qu’il y a de l’amour quand il y a de l’impossibilité à vivre sans l’autre. Quand on a défini ça, alors on rendait possible quelque chose qui a été essayé mais raté par Sartre et Beauvoir qui était cet espace de couple dans lequel la liberté fait la loi, pas la contrainte. Après je pense que les erreurs de Sartre et de Beauvoir ont été de jouer la carte de la transparence dans des logiques un peu pervers, c’est de prendre à témoin…
On peut imaginer qu’à 20 ans on n’est fait pour être épicurien et qu’à 50 on est fait pour être stoïcien, parce que la vie nous a appris un certain nombre de choses.
Donc, le bonheur je le crois toujours possible,
Je persiste à croire que le bonheur tout seul, ce n’est pas pensable mais qu’au fur et à mesure on s’aperçoit qu’il est de moins en moins présent et qu’on considère qu’il y a du bonheur quand il n’y a pas de malheur.
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I Will Always Love You.....
"La mort donne l'obligation d'aimer"
Yasunari Kawabata
C'est bête, je vous l'accorde, je ne connaissais pas personnellement Whitney Houston, pourtant je suis triste ce soir après avoir appris la mauvaise nouvelle.
Parce que je la trouvais très belle,
Parce que j'aimais sa voix, sa façon de chanter et beaucoup de ses chansons....
Parce que je n'ai jamais pu écouter celle-ci sans avoir des frissons. Elle fait partie de ma compil qui tourne souvent en boucle dans ma voiture. Chaque fois, il me faut augmenter le son, elle me chamboule toujours autant ! - Même s'il faut rendre à Dolly Parker ce qui lui appartient, la version originale, c'est celle-ci ...(tout y est presque déjà ! ;-) peut-être manque-t'il l'essentiel... )
Parce qu'il est terrible de se dire, qu'au moins maintenant sa descente aux enfers est terminée.Parce que tout cela semble tellement injuste.
Parce que j'aimerais vivre dans un monde meilleur !
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Derniers fragments d'amour...
"Certains hommes sont un peu fous.
Ils se cramponnent à leurs bulles au lieu
de danser dans le soleil. "Christiane Singer
.... à Lavikiva
merci pour ce conseil de lecture.Il n’est pas simple de quitter un bon livre. Tourner la page est parfois difficile. On s’attache (on s’illusionne ? comme dirait l’autre)… et s’impose alors un cruel dilemme, en finir et connaître le dénouement ou rester encore, car on n’a pas envie de quitter des personnages, une ambiance, une écriture, finir une histoire.
Cette tâche est d’autant plus ardue quand le livre est un témoignage, et que l’auteure nous fait partager six mois de sursis « accordés » par les médecins. Christiane Singer prends des notes, couche sur le papier quelques réflexions, quelques ressentis. Elle évoque sa souffrance, son amour aussi…
Et puis le livre se termine, six mois après… elle semble victorieuse et l’on est fier d’elle.
Je veux en savoir plus sur cette femme. Je découvre qu’en fait elle est morte juste après ses six mois…. dans l’acceptation, dans l’amour, sereine…
Une belle écriture au service d’une pensée spirituelle et lumineuse, un livre poignant.
Quelques-uns de ses mots offerts dans
« Les sept nuits de la reine »
ou
« Derniers fragments d’un long voyage »J’ai touché le lieu où la priorité n’est plus ma vie mais La vie. C’est un espace d’immense liberté.
Ne jamais oublier d’aimer exagérément : c’est la seule bonne mesure
C’est la perception qui est la cause de la souffrance : nous souffrons de l’interprétation, de l’évaluation des choses, jamais des choses elles-mêmes.
Cette porosité se refermera, mais l’avoir vécu rend la vie à tout jamais sacrée.
Il n’est que l’expérience menée à terme qui libère. Nous sommes poursuivis toute une vie par ce que nous n’avons pas osé vivre en entièreté. Toute énergie – quand elle a été réveillée – veut voir son fruit mûr avant de se dissiper
En prenant dans notre responsabilité ce que nous vivons, ce que nous faisons, ce que nous disons, nous avançons sur un chemin de paix…. Et pourtant j’ai été effleurée puis empoignée par la volonté d’enjamber la fenêtre qui est exactement la force contraire : celle qui croit à la pérennité du mal…
Cette obstination à espérer qui habite le cœur des vivants multiplie à l’infini leurs renaissances et leurs agonies.
Si on était capable d’être désespéré très longtemps, on n’aurait qu’une seule fois à mourir.
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Pas de paradis pour les chiennes !
"Le premier homme qui est mort a du être drôlement surpris"
Georges WolinskiJenny ma chienne, après 14 ans de bons et loyaux services a rendu l’âme.
Nous avions justement pensé qu’à la rentrée, il nous faudrait envisager de la faire piquer. C’était une « vieille fifille » qui donnait des signes de veillesse et de faiblesse. Pas de souffrance, mais une fatigue et une lassitude évidentes.
Nous a t-elle entendu ?
En tout cas, elle a préféré se coucher dans un coin de son jardin, sur l’herbe fraîche, à l’ombre, pour ne plus se relever.
Je me souviens avoir vu une émission sur les soins palliatifs, la personne qui faisait cet accompagnement pensait que certains choisissaient le moment de mourir.
Avons-nous la possibilité d’influencer le moment d’arriver ou de partir ?
Et puis je songe à cette conversation avec N. Qui sure d’elle, justifiait ses croyances en me disant : « tu es d’accord, nous avons une âme. Quand tu meurs, il faut bien qu’elle aille quelque part, c’est donc bien qu’il y a une autre vie ! »
CQFD, elle m’avait scotchée ! Pour elle, c’était une telle évidence, aucune remise en question possible.
Jenny n’est plus nulle part. Si, elle est dans les souvenirs de la famille. Maintenant elle nourrit vers et micro-organismes. C’est le cycle de la vie. J’aimerais qu’il en soit ainsi pour moi. J'ai pourtant fait le choix de l’incinération, je déteste tellement les cimetières, et le pot de chrysanthème pour la Toussaint me répugne. Je veux vivre par les mots et les souvenirs de ceux qui m’aimaient, pas par une plaque de marbre dans un parc de tombes.
Jenny était une brave chienne, elle a partagé ma vie pendant 14 ans, je pense qu'elle a été heureuse...
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Mort en direct.... au musée
"Il faudrait que l'art, sous toutes ses formes,
ne soit plus un phénomène économique et médiatique,
mais un reflet de l'âme.
Si ceux qui n'ont rien à dire se taisaient,
ça ferait de la place pour ceux qui ont besoin de crier."Pen of ChaosQu’est-ce que l’Art ?
Le charmant Atome Crochu, nous avait révoltés en nous parlant de ce chien mourant de faim « exposé » dans une galerie d’art, et puis là, c’est un artiste allemand en vogue qui voudrait exposer un mourant pour « briser l'un des derniers tabous de la société » !http://stop-animals-genocid.bleublog.lematin.ch/
Voir en « direct live » un homme ou une femme passer de vie à trépas, drôle de conception de l’art, non ?
Cela vient de moi ou y a-t-il vraiment quelque chose qui ne tourne plus rond sur cette terre ?
http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/121583/
Du coup, j'en profite pour rendre un petit hommage à la magnifique Romy Schneider, poignante dans le film de Bertrand Tavernier "La mort en direct" (1980)
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Non, je n'ai rien oublié....
« Oublier c’est obéir ; oublier, c’est suivre le mouvement. Le passé, en revanche, doit être retenu par la manche comme quelqu’un qui se noie. Ce qui fut n’a, dans l’être, que la place que nous lui donnons. Les défunts sont sans défense et dépendent de notre bon vouloir. Ils comptent sur notre initiative, sur la voix en nous qui résiste à l’emportement naturel et qui, au moment de passer à autre chose, proteste et nous commande de rester le témoin de l’invisible. [….] Les vacances ne sont pas tout. Le succès n’est pas tout. Il y a l’affairement et il y a la fidélité. Il y a le bruit du monde et il y a le silence des absents.... »
Une voix vient de l’autre rive.
Alain Finkielkraut -
Françoise...suite de la fin... ou fin de la suite...
Un ange juste avant son envol...
La mort n’efface pas toute la beauté du monde.
Elle la rend seulement inutile et la tourne en splendeur vaine.
Philippe ForestEvidemment
Y a comme un goût amer en nous
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout
Y a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu'on avoue
Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout
Evidemment
Evidemment
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant
Evidemment
Evidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant
Et ces batailles dont on se fout
C'est comme une fatigue, un dégoût
A quoi ça sert de courir partout
On garde cette blessure en nous
Comme une éclaboussure de boue
Qui n'change rien, qui change tout
Evidemment
Evidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant
Pas comme avantJ'aime beaucoup cette chanson écrite par Michel Berger après la perte de son ami Daniel Balavoine.
http://www.youtube.com/watch?v=gtjJcdXoqUg&feature=related
Je rentre à la maison, je vous avouerais que cela a été un peu dur. Françoise avait orchestré ses funérailles, choix de musique, de photos, lettres et petits ou gros cadeaux pour tout le monde... J’ai sa bague « d’amoureuse » et sa bague « passion », difficile à accepter sans dire un mot, difficile à porter. J’aurais tellement aimé pouvoir être capable de la protéger de ses démons, lui dire encore et encore que je l’aimais, et lui donner envie de se battre... Tellement sont passés à côté d'elle et n'ont pas dépassé sa différence, n'ont pas essayé de découvrir cette petite femme exceptionnelle. Je ne vous ennuierai pas plus longtemps, mais cela me fait encore du bien de parler d’elle et de la faire vivre… Comme je l’écrivais tout à l’heure, je ne veux rien oublier de cette rencontre, de cette amitié radieuse, des sourires de cet ange, de la grâce de cette femme si généreuse, du tact, de la séduction de cet être si fragile. Je garde tout, c'est bien trop précieux, mais il me faut apprivoiser cette douleur, vivre avec et ne plus lui laisser la possibilité de m'anéantir. Françoise est donc devenue poussière portée par les vagues…A Lyon, j’ai trouvé pleins de gentils mots dans ma bal. Certains disaient je t’aime, (ou je l’ai lu entre les lignes – laissez-moi encore quelques illusions !)… d’autres disaient viens (ou venez), bref, j’ai eu beaucoup de plaisir à tous vous retrouver et je vous en remercie. Il faut maintenant que je m’occupe de vous tous, parce que moi aussi je vous aime. Cela paraît tout con à dire, mais je suis sincère... et le ridicule ne tue pas, par contre l'indifférence... ;-(
En rentrant, sur l’autoroute, nous avons vu de nombreuses 4L pleines de poussière, de sable. Aussi nous avons fait les aires d’autoroute pour rencontrer un équipage et leur demander de nous parler de leur aventure. Nous sommes tombés sur de jeunes gens bien sympathiques, l'équipage 814, participant au "raid 4L Trophy 2008". Ils nous ont alors parlé de leur périple, France/Espagne/Maroc, et nous avons partagé le nougat que j’avais acheté à Montélimar. Vous voyez, la vie reprend le dessus, même s’il est clair que le temps doit adoucir le mal qui me ronge…
http://www.4ltrophy.com/En route, à la radio, il était souvent question de la phrase de Sarko, j’ai eu l’impression d’être partie depuis des semaines… Grâce à Internet, j'ai pu connaître le fin mot de l’histoire, quoique fin n’est certainement pas ce qui qualifierait notre Président… J’ai pu constater la maîtrise, la classe de cet homme ! J’ai alors songé au film de Cronenberg « Dead Zone » à Christopher Walken qui en serrant les mains percevait le futur et j’ai l’impression (depuis le début) que quand la cuirasse du grand Sarkozy se fissure, ce que je perçois alors me fait terriblement peur…
Avec mon homme nous avons voulu aller nous changer les idées, et nous sommes allés voir « Into the Wild » de Sean Pean. J’ai encore pleuré, heureusement que vous ne me voyez pas, j'ai une tête !!! ;-(
Mais ce film est vraiment magnifique !En quelques mots : Christopher McCandless, 22 ans, était promis à un brillant avenir, il en a voulu autrement. Il laisse tout derrière lui et part pour l’aventure.
Emile Hirsch est remarquable dans ce rôle d’idéaliste, qui veut - et qui va jusqu’au bout. Cette quête d’authenticité, ce choix de vie et sa force de caractère sont impressionnantes. Sur son chemin certaines rencontres sont très belles.
Les images sont remarquables, la bande-son est extra.
Sean Penn signe un film émouvant, qui touche en plein cœur, et qui fait réfléchir aussi…
Voilà je voulais être un peu rassurante (certains semblaient un peu inquiets)….
Merci à vous ! ;-) -
à Françoise, ma soeurette....
Nous l'avions rencontrée cet été, en vacances. Au premier regard, cette petite bonne femme m’avait plue, un côté artiste, si délicate, passionnée, tendre, sensible.... Nous avions bu l’apéro chez elle. Elle nous avait parlé de sa carrière de joueuse d’orgue de barbarie, nous avait montré les photos de ses tournées, de sa jeunesse, « suivie en psy » mais restant très imprécise, évoquant sa différence, le rejet subit toute sa vie, le manque de compréhension, l'impression que les autres restaient en surface et ne voulaient pas la connaitre…. Nous l’avions invitée avec mon homme et avions passés une soirée, une nuit pratiquement, à discuter… Les vacances terminées, nous nous étions promis de garder le contact, nous passions des heures au téléphone. Une fois je perçus une grande détresse, elle semblait dire qu’elle n’en avait plus pour longtemps, et puis ne voulait rien dire de ce qui la tourmentait, j’imaginais des trucs horribles. Au début, je pensais à un trouble bipolaire, elle était tout feu, tout flamme, euphorique puis semblait ne plus vouloir se battre. Je l’invitais à venir à la maison. Elle fit dans sa petite voiture ses 400 bornes, vint avec plein de petits cadeaux pour tout le monde, nous avons passé une semaine inoubliable… Elle a beaucoup ri, elle a mangé un peu, elle qui ne prenait plus le temps de faire tout cela, nous sommes allés au musée, au restau, au ciné, elle semblait être si vivante. C’est du reste ce qu’elle nous a dit, "il y a bien longtemps que je me croyais morte, vous me faites y croire de nouveau". Il lui a fallu repartir. Nous nous sommes appelés souvent. Le mois dernier elle m’écrivait une lettre magnifique, je lui avais envoyé « Eloge de la faiblesse » et quelques bouquins de Bobin… elle avait adoré !
- Françoise s’est pendue il y a deux jours -
L'amie qui m’a appelée ce matin m’a bien confirmé que c’était un trouble bipolaire et qu’elle ne prenait plus de traitement depuis pas mal de temps…
Je ne sais pas trop pourquoi, je vous raconte tout cela. Sûrement parce qu’un blog c’est aussi cela... Ce matin, je me suis réveillée avec ce coup de fil, et c’est l’anniversaire de mon fils, je ne veux pas lui annoncer cela aujourd’hui !
Mon cœur saigne, j’aurais beaucoup de mal dans mon blog à parler du salon Primevère, des 200 ans de Guignol ou du dernier album de Cali… je me sens vide, coupable de ne pas avoir été encore plus présente…
Je vous laisse avec ses mots, je lui avais dit que je garderais précieusement ses lettres parce qu’elle détruisait tout ce qu’elle faisait, elle avait ri et m’avait dit que d’entendre cela lui faisait un bien immense… C’est aussi ma façon de rendre hommage à cette petite bonne femme que j’appelais sœurette et qui n’a pas fini de me manquer cruellement…
"Partager les bonheurs de la vie avec générosité, pour moi c’est aimer. C’est pour tout le monde pareil la vie n’est pas un long fleuve tranquille, vous me connaissez si peu et pourtant je sais que vous m’aimez et voulez m’aider. Cela je le garde au fond de mon cœur.
Vous m’avez apprivoisée, je me suis laissée aimer. Vous m’aidez, vous m’encouragez avec tendresse et spontanéité comme moi je vous aime en retour.
Vous, moi, les autres ce n’est jamais la même histoire et pourtant à la fin les sentiments sont les mêmes : amour, manque…
Pour moi, les auteurs de ces livres Jollien, Bobin et les autres sont des compagnons avec qui j’échange les souvenirs d’expériences de vies, de joies profondes et de douleurs pénétrantes.
Même rebellés par ces souffrances, nous nous efforçons de vivre dans un combat acharné vers le bonheur. Toute vie demande tant de volonté pour la vivre, pour apprendre, pour aimer, pour être aimé avec chacun ses différences, pour supporter la blessure de perdre ceux qui nous sont chers.
Nous avons tous un roman de révolte et de lutte ou un roman d’amour à écrire bouleversant..." -
Atelier d'écriture - "il doit bien y avoir quelqu'un"
Le premier homme qui est mort a du être drôlement surpris !
Georges Wolinski
Une consigne : votre participation devra obligatoirement se conclure par la phrase suivante : Il doit bien y avoir quelqu'un quelque part qui sait ça.
Y’a quelqu’un ?
C’est juste pour savoir si cela peut attendre !Je préférerais que ce soit quand j’en aurai assez.
Quand mes yeux seront usés
ma peau ridée, ma voix éraillée
mon dos courbé,
mes espoirs oubliés,
ma maison désertée,
mon cœur desséché.
Quand je serai un peu déprimée, isolée,
Comme de tous abandonnée,
Mes souvenirs éparpillés.
J’aimerais pouvoir tout quitter,
Juste en arrêtant de respirer,
Sereinement tout lâcher…
Ou est-ce pour tout à l’heure ?
Alors que je me sens aimée,
Par tous les miens entourée,
Comme en plein vol touchée.Ou pour demain ?
Mais de la vie je ne suis pas rassasiée,
Il me reste tant de projets à réaliser !
Ou encore plus tard, à l’issue d’une lutte acharnée,
contre un mal obstiné,
qui m’aura accablée.
Alors y’a quelqu’un ?
J’aimerais savoir !
Il doit bien y avoir quelqu'un quelque part qui sait ça ? -
Un tout petit cadeau...
« La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste. »
Victor HugoUne petite animation vraiment très belle et si émouvante....
Un peu longue, mais ça vaut le coup :
http://www.dailymotion.com/video/x33911_emi_creation
et puis "In througth of you" tableau de Jack Vettriano....
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Ateliers d'écriture -"un carnet à spirales"
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !Soleil couchants - Victor Hugo
Un sujet : un carnet à spirales…. et votre texte devra absolument se terminer par le bout de phrase suivante : c'est pas croyable comme tout disparaît...
A toi le carnet à spirales du tiroir de la table de nuit.
Je suis comme une gamine qui tient son journal.
Tu as été le compagnon fidèle, mon confident,
me permettant de coucher sur le papier
ma détresse, ma souffrance, ma déchéance…
Etait-ce un moyen de mettre à distance
ou de préserver quelque peu ceux que j’aime.Yves est venu me voir tout à l’heure…
Fidèle à notre histoire,
A notre amour.
Mais il n’y a plus rien de la femme qu’il a aimée,
Plus rien de ce regard malicieux qui le faisait chavirer,
Plus cette odeur de vanille dont il disait raffoler…
Plus ce grain de peau qui le faisait bander…Même le regard de nos enfants a changé.
Ils cherchent désespérément ce qui reste de leur maman
dans cette enveloppe qui leur fait peur.
Tu parles, je suis chauve, maigre, moche et je pue…
Plus rien de rassurant,
Peut-être un peu la voix…
Mais je sens bien qu’ils sont désemparés.Marre de cette descente aux enfers,
Marre d’attendre.
Je leur ai dit que je voulais que ça cesse
Que ce n’était plus la peine…
Le docteur a pensé que c’était un coup de blues.
Non, je suis encore lucide, encore parfois,
Quand le traitement ne me shoote pas trop.Je ne veux plus voir le jour se lever,
Il est trop douloureux de se souvenir de la vie,
De ne plus supporter les sourires ou des rires…
Et de ne plus rien attendre dans ce lit.
A quoi bon ?
J’ai l’impression d’entraîner tout le monde dans ma chute
Alors que c’est ma fin de vie à moi !Ma décision est prise, demain je ne serai plus.
Je veux mourir, doucement... tout à l’heure…
Je pars parce que j’aime trop la vie et
Qu’il ne m’est plus possible de rester…
Mais je veux que vous sachiez que je vous ai aimés…
Je veux que mes enfants puissent penser,
c'est pas croyable comme tout disparaît… -
Michel Serrault
Si l'acteur ne bouscule pas la réalité
Pour aller plus loin dans les émotions ou dans le rire,
ce n'est plus un artiste.
Michel Serrault
Il était formidable, le meilleur, le plus grand !
C’est toujours comme ça les nécros… un peu con de dire cela quand les gens ne sont plus, non ?
Alors que dire ?
Je parlais de lui, il n’y a pas longtemps, en le découvrant dans « 24 heures de la vie d’une femme » de Laurent Bouhnik, d’après le livre de Zweig. J’ai pensé que c’était tout de même un sacré bonhomme qui savait jouer dans tous les registres avec une telle aisance, et toujours autant de talent. Je le revois aussi lors de passages à la TV, où il faisait le clown. Je crois qu’il aimait amuser : en slip, en caleçon imitant le cri de la carotte, évoquant le livre de sa femme sur les casseroles... ou en cassant plusieurs fois sa biscotte dans la Cage aux folles
Et puis il y a aussi, l’homme « non-amuseur » dans Une hirondelle a fait le printemps, Le bonheur est dans le pré, Nelly et M. Arnaud, A mort l'arbitre, Garde à vue, Les enfants des Marais… La liste serait bien trop longue…
Un homme qui m’a souvent touchée au cinéma.
Etrange… On s’approprie en quelque sorte les acteurs, les chanteurs, les artistes que l'on apprécie, et du coup, lorsqu’ils partent, c’est un peu comme si l’on perdait quelqu’un de proche…
Bizarre cette sensation de vacuité… ;-(