Celui que tu nourris....
Un joli petit conte philosophique Cherokee....
UA-72474343-1
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Un joli petit conte philosophique Cherokee....
« Penser c’est dire non »
Alain
Le travail, l’Etat, la vérité et les désirs naturels étaient au programme cette année.
Ils étaient 334.000 candidats à plancher sur un sujet au choix.
Bac L
- « Que gagne-t-on en travaillant? »
- « Toute croyance est-elle contraire à la raison? »
- – Explication d’un texte de Spinoza, « Traité théologico-politique »
Bac S
- « Serions-nous plus libres sans l’Etat? »
- Avons-nous le devoir de chercher la vérité? »
- une explication d’un texte de Rousseau, « Emile ».
Bac ES
- « Travailler, est-ce seulement être utile? »
- « Peut-il exister des désirs naturels? »
- explication d’un texte de Berkeley , « De l’obéissance passive »
Encore et toujours....
Cet homme était sur France Inter au
Grand Entretien mai 2012.
Morceaux choisis...
Deux choses m'ont amené à la philosophie : les femmes et la mort.
La mort c'est résolu ! Pas la femme ! C'est toujours un mystère pour moi, un mystère merveilleux. Je trouve toutes les femmes, des petites filles aux grand-mères magiques, merveilleuses, formidables, extraordinaires et c'est tant mieux que le mystère demeure. La mort, cela a été ma grande angoisse, ma grande peur, ma grande inquiétude. Moi, quand je suis né, j'avais un vieux papa, et donc j'ai eu peur qu'il meurt très vite, très tôt et tout le temps,et puis, il a bien fallu que ça eu lieu il m'a fait le cadeau de m'offrir ça, dans mes bras, il avait 88 ans,, bon voilà... donc évidemment j'ai changé d'avis. Evidemment cela me terrorisait, adolescent je me demandais quel sens avait l'existence si l'on devait mourir... . Lucrèce apporte des réponses très concrètes sur la question de la mort, des réponses d'Epicure : si la mort est là, je ne suis plus, si je suis là, elle n'y est pas encore.. On se dit là, un beau jeu de mot ! Pas du tout. C'est très efficace de comprendre que l'on ne peut pas se pourrir la vie avec l'idée de la mort. Quand elle arrivera ce sera déjà bien assez tôt. On ne va pas faire de telle sorte que la mort soit présente au quotidien toute notre existence. Attendons qu'elle soit là et quand elle sera là, on verra bien. Mais, quand on verra bien, on aura aussi les moyens de l'envisager, c'est la question de l'instant. Savoir habiter l'instant, ne pas parasiter l'instant par le passé ou par le futur.
Le présent, il faut d'abord savoir qu'il existe, le repérer et être capable d'en faire une description ou d'en avoir une sensation ou de percevoir de manière très émotive, d'être dans la jouissance du pur instant, savoir que cela existe. Ensuite se dire que si on le laisse, cet instant, parasité par le passé, c'est peine perdue parce qu'on a aucun pouvoir sur le passé, en revanche, on a du pouvoir sur les représentations que l'on a du passé. On peut se dire, j'aurais dû faire ceci, j'aurais pas dû faire cela, j'aurais jamais dû rencontrer telle personne, j'aurais jamais dû lui faire confiance, ou j'ai été jeune et je ne le suis plus...ou j'ai été riche, je ne le suis plus...On ne va pas pourrir l'instant avec le passé, pas plus avec le futur en disant plus tard, je serai peut-être gros, malade. Oui bien sûr, on va être malade, on va mourir, on va vieillir, on va souffrir, on va être trahi, on va trahir, on va tromper, etc....
Quand on a déjà compris ça, c'est à dire, éviter les interférences entre le passé et l'instant présent et le futur et l'instant présent, qu'on a dégagé le présent en se disant vivons comme quelque chose d'extraordinaire puisqu'il ne reviendra jamais, que les plats ne repassent pas et qu'il faut densifier chaque instant, le vivre comme si c'était le dernier instant et en faire une belle chose ! Alors, à ce moment là, on a réussi à résoudre le problème de la mort.
Le surhomme est une proposition de sagesse contemporaine. Ce que Nietzsche nous propose dans le surhomme... c'est une invitation à vivre ! On devrait dire, le surhumain parce que ça marche pour les femmes aussi, c'est une invitation à savoir que nous sommes des fragments du cosmos, que nous ne sommes pas libres, comme cette connaissance-là donne une sorte de béatitude, grande leçon de Spinoza et qu'en aimant ça, « amor fati » (Nietzsche) on découvre une espère de joie, de pur plaisir d'exister.
"Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup." Albert Camus
Je pense qu’on fait avec le corps que l’on a, et que l’on a des énergies plus ou moins importantes, des configurations différentes. Il n’y a pas un modèle d’être libidinal qui vaudrait pour tout le monde et donc une configuration physiologique, puis après, une configuration psychologique, personnelle, subjective avec des gens qui ont des complexions (exhibitionniste, maso, voyeuriste…) toutes ces pulsions sont normales, et qu’après on en fasse quelque chose… un jour on rencontre la société, qui dit oui d’accord ça, ça pas d’accord. Cette configuration fait que l’on entre depuis Saint Paul, depuis le christianisme dans une formule qu’est celle de la monogamie, de la fidélité, de la cohabitation et des enfants : il faut quand on aime, n’aimer qu’une personne, vivre avec cette personne lui faire des enfants et éventuellement on peut divorcer et puis on recommence… le reste c’est dans l’hypocrisie, c’est la tromperie, c’est ce genre de chose. Moi, je ne suis pas dans cette logique là, je ne pense pas que ce soit « le » modèle, c’est « un » modèle. Le modèle cela peut convenir à des gens, d’autres modèles peuvent convenir à d’autres personnes aussi et je pense qu’il nous faut définir l’amour très subjectivement. Je pense que l’on aime quand on a envie de vieillir et de mourir avec quelqu’un. Alors on peut dire non, aimer c’est réservé son corps à quelqu’un, c’est la fidélité sexuelle par exemple et si on n’est pas fidèle sexuellement c’est qu’on n’aime pas. C’est tout l’enjeu de la vie d’Albert Camus, on dira ; il a eu beaucoup de femmes dans sa vie, oui d’accord mais il en a eu une qu’il n’a pas quittée, non plus. Et quand elle a eu de vrais problèmes de santé, qu’elle a été hospitalisée, il était là, il a annulé des voyages, des déplacements. Bien sûr qu’il y avait des occasions de folâtreries ici et là, ailleurs avec d’autres femmes, mais il y avait sa femme, son épouse, la mère de ses enfants…
Il faut tout dissocier, l’amour, la sexualité, la procréation, la cohabitation, les enfants. On sait aujourd’hui qu’on peut différencier les enfants de la sexualité de la procréation, on peut avoir une sexualité sans enfant, il suffit d’utiliser des moyens contraceptifs, on peut même avoir des enfants sans sexualité, il suffit d’utiliser des procréations médicalement assistées, on peut avoir des relations sexuelles avec des gens que l’on n’aime pas, on peut avoir des relations sexuelles avec des gens que l’on aime, on peut aimer des gens avec lesquels on n’a pas de relation sexuelle, toutes les configurations sont possibles. Il y a juste des choses que l’on ne dit jamais, les gens ne disent pas quel effet le temps a eu sur la libido de leur couple, tout le monde fait semblant de dire c’est parfait, extraordinaire, fantastique.
Il faut imaginer qu’il y a de l’amour quand il y a de l’impossibilité à vivre sans l’autre. Quand on a défini ça, alors on rendait possible quelque chose qui a été essayé mais raté par Sartre et Beauvoir qui était cet espace de couple dans lequel la liberté fait la loi, pas la contrainte. Après je pense que les erreurs de Sartre et de Beauvoir ont été de jouer la carte de la transparence dans des logiques un peu pervers, c’est de prendre à témoin…
On peut imaginer qu’à 20 ans on n’est fait pour être épicurien et qu’à 50 on est fait pour être stoïcien, parce que la vie nous a appris un certain nombre de choses.
Donc, le bonheur je le crois toujours possible,
Je persiste à croire que le bonheur tout seul, ce n’est pas pensable mais qu’au fur et à mesure on s’aperçoit qu’il est de moins en moins présent et qu’on considère qu’il y a du bonheur quand il n’y a pas de malheur.
"Se moquer de la philosophie,
c’est vraiment philosopher."
Blaise Pascal
Voici les sujets pour chaque série :
« Nous disons bonnes les vertus d’un homme, non pas à cause des résultats qu’elles peuvent avoir pour lui, mais à cause des résultats qu’elles peuvent avoir pour nous et pour la société : dans l’éloge de la vertu on n’a jamais été bien « désintéressé », on n’a jamais été bien « altruiste » ! On aurait remarqué, sans cela, que les vertus (comme l’application, l’obéissance, la chasteté, la piété, la justice) sont généralement nuisibles à celui qui les possède, parce que ce sont des instincts qui règnent en lui trop violemment, trop avidement, et ne veulent à aucun prix se laisser contrebalancer raisonnablement par les autres. Quand on possède une vertu, une vraie vertu, une vertu complète (non une petite tendance à l’avoir), on est victime de cette vertu ! Et c’est précisément pourquoi le voisin en fait la louange ! On loue l’homme zélé bien que son zèle gâte sa vue, qu’il use la spontanéité et la fraîcheur de son esprit : on vante, on plaint le jeune homme qui s’est « tué à la tâche » parce qu’on pense : « Pour l’ensemble social, perdre la meilleure unité n’est encore qu’un petit sacrifice ! Il est fâcheux que ce sacrifice soit nécessaire ! Mais il serait bien plus fâcheux que l’individu pensât différemment, qu’il attachât plus d’importance à se conserver et à se développer qu’à travailler au service de tous ! » On ne plaint donc pas ce jeune homme à cause de lui-même, mais parce que sa mort a fait perdre à la société un instrument soumis, sans égards pour lui-même, bref un « brave homme », comme on dit. »
« Chaque degré de bonne fortune qui nous élève dans le monde nous éloigne davantage de la vérité, parce qu’on appréhende plus de blesser ceux dont l’affection est plus utile et l’aversion plus dangereuse. Un prince sera la fable de toute l’Europe, et lui seul n’en saura rien. Je ne m’en étonne pas : dire la vérité est utile à celui à qui on la dit, mais désavantageux à ceux qui la disent, parce qu’ils se font haïr. Or, ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu’ils servent ; et ainsi, ils n’ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes.Ce malheur est sans doute plus grand et plus ordinaire dans les plus grandes fortunes ; mais les moindres n’en sont pas exemptes, parce qu’il y a toujours quelque intérêt à se faire aimer des hommes. Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle ; on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L’union qui est entre les hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d’amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas, quoiqu’il en parle alors sincèrement et sans passion.
L’homme n’est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soimême et à l’égard des autres. Il ne veut donc pas qu’on lui dise la vérité. Il évite de la dire aux autres ; et toutes ces dispositions, si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur. »
"Si c’est l’intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous d’autres cieux, éloignés du mien, qui s’absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la santé est compromise au point qu’il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-même je sens décliner mes forces, car je n’ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant (ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l’étranger qui tout à l’heure s’en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance ; à l’inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu’il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part, connaissant à peine l’auteur de son salut ; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa place notre bienfait ; en attendant nous trouvons du charme au sentiment d’avoir fait un peu de bien dont nous ne recueillerons pas le fruit. Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous réglons nos dispositions testamentaires, n’est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il ne nous reviendra aucun profit ? Combien d’heures l’on y passe ! Que de temps on discute, seul avec soi-même, pour savoir combien donner et à qui ! Qu’importe, en vérité, de savoir à qui l’on veut donner puisqu’il ne nous en reviendra rien en aucun cas ? Pourtant, jamais nous ne donnons plus méticuleusement ; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu’à l’heure où, l’intérêt n’existant plus, seule l’idée du bien se dresse devant notre regard."
« Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle
il faut s’exercer ; la télé supprime cet exercice ;
nous risquons de devenir un peuple de muets,
frustrés de leur parole,
et qui se défouleront par la violence. »
Albert Jacquard –
Extrait de Petite Philosophie à l’usage des non-philosophes.
Heureux qui comme l’étudiant français peut s’interroger sur le sens de la vie et philosopher sur des sujets tels que l’art, le bonheur, la vérité, l’histoire, le passé ou l’avenir.
327 785 candidats au bac général ont disposé de trois sujets au choix et de quatre heures pour plancher. Une bonne chose de faite, cette épreuve est toujours redoutée !
Les sujets :
Série scientifique (coeff : 3) :
L’ignorance des causes et de la constitution originaire du droit, de l’équité, de la loi et de la justice conduit les gens à faire de la coutume et de l’exemple la règle de leurs actions, de telle sorte qu’ils pensent qu’une chose est injuste quand elle est punie par la coutume, et qu’une chose est juste quand ils peuvent montrer par l’exemple qu’elle n’est pas punissable et qu’on l’approuve. […] Ils sont pareils aux petits enfants qui n’ont d’autre règle des bonnes et des mauvaises manières que la correction infligée par leurs parents et par leurs maîtres, à ceci près que les enfants se tiennent constamment à leur règle, ce que ne font pas les adultes parce que, devenus forts et obstinés, ils en appellent de la coutume à la raison, et de la raison à la coutume, comme cela les sert, s’éloignant de la coutume quand leur intérêt le requiert et combattant la raison aussi souvent qu’elle va contre eux. C’est pourquoi la doctrine du juste et de l’injuste est débattue en permanence, à la fois par la plume et par l’épée. Ce qui n’est pas le cas de la doctrine des lignes et des figures parce que la vérité en ce domaine n’intéresse pas les gens, attendu qu’elle ne s’oppose ni à leur ambition, ni à leur profit, ni à leur lubricité. En effet, en ce qui concerne la doctrine selon laquelle les trois angles d’un triangle sont égaux à deux angles d’un carré, si elle avait été contraire au droit de dominer de quelqu’un, ou à l’intérêt de ceux qui dominent, je ne doute pas qu’elle eût été, sinon débattue, en tout cas éliminée en brûlant tous les livres de géométrie, si cela eût été possible à celui qui y aurait eu intérêt.
HOBBES, Léviathan
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Série économique et sociale (coefficient : 4) :
La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est oeuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.
DURKHEIM, L’éducation morale
Série littéraire : (coefficient : 7)
Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu. L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à l'exigence de la loi ; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas. Aussi est-il dit dans le Code1 : « II n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa lettre, on contredit la volonté du législateur ». II juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente.
Thomas d'Aquin, Somme théologique
"Seul ce que j'ai perdu
M'appartient à jamais
Tu aurais peut-être dû
Savoir que c'était vrai
Que les minutes et les secondes
Passées entre mes bras
Tu ne pourras jamais me les voler
Qu'elles resteront gravées dans ma mémoire
Comme on s'accroche au comptoir"
Elisa Félix (deux premiers vers)
Christophe Miossec
J’aime faire le lien entre ceux que j’aime…. Lire Philippe Corcuff qui commente un texte de Miossec, quel pied ! J’avoue, je n’ai pas tout compris à la première lecture…. Il m’a fallu revenir sur certains mots, associations d’idées… En ce qui concerne l’amour, la perte, ok, par contre le lien avec la politique m’intéresse moins.
Mais du coup, je réfléchis. Si seul ce que nous avons perdu nous appartient à jamais, on pourrait presque dire aussi que seul ce qui est passé existe vraiment. Ce que nous vivons au présent n’a pas de valeur, il n’existe ni au futur, ni au présent, mais seulement au passé ou seulement dans la conscience posthume que nous en avons.…. Et voilà, Damien qui rapplique avec sa petite madeleine à la main et son désir de me voir lire – dévorer, serait plus juste - les bouquins de Marcel Proust. Il prétend que je suis « mure » pour cette lecture… En plus s’il se fait aider par un sociologue philosophe et un chanteur particulièrement touchant… j’suis foutue, j’vous l’dis ! Proust où es-tu ?
J’ai l’impression de m’embrouiller la tête, suis-je dans le contresens ? Le présent existe bien, pourtant, je n’aime pas que ceux que j’ai perdus, et j’ai souvent conscience du bonheur quand je baigne dedans ! Serais-je trop cartésienne ? Alors help me !
« La philosophie est une invitation à mettre en perspective sa vie et sa pensée,
son existence et sa vision du monde, l’un éclairant sans cesse l’autre »
Michel Onfray
Si vous aussi, vous aimez Michel Onfray, vous écoutez ses conférence et vous allez souvent sur son site pour suivre son actualité, lire sa chronique mensuelle et voir son agenda....Ce dernier permet de trouver des liens vers les émissions auxquelles il a participé. Le problème est qu’elles ne sont souvent en ligne qu’une semaine !
Et bien nous avons droit à une séance de rattrapage, sur le blog d'Eduard, vous trouverez des inédits, des vidéos et des audios du philosophe hédoniste....
.http://michel-onfray.over-blog.com
Un blog très intéressant, indispensable ! (Merci Fred pour cette trouvaille)
Merci Eduard pour ce boulot d’archivage…;-)
"Etre heureux,
c’est toujours être heureux malgré tout"
Clément Rosset
Le régime des passions un petit bouquin de Clément Rosset fort intéressant... ;-)
Pourquoi certaines histoires prennent-elles de telles proportions ?
Le rapport entre folie et passion ?
Que signifie être passionné ?
Le philosophe apporte des réponses, en voilà quelques-unes :
...C’est quand l’objet d’amour vient à manquer, quand l’amour ne peut plus appréhender ce dont il déclarait auparavant faire pitance, bref quand l’objet aimé en vient à perdre, aux yeux de l’amoureux, toute réalité tangible, que se déclare un amour fou et passionnel.
L’avarice est une passion pour les mêmes raisons qui font de la passion de Phèdre non un amour mais une sorte de perversion de l’amour. De même que Phèdre élit un objet dont elle s’interdit la jouissance (j’irais même volontiers jusqu’à dire : qu’elle élit pour ne pas en jouir) au point de tirer une jouissance masochiste dans sa douleur même, telle qu’elle l’exprime dans ses extraordinaires monologues de l’acte IV, de même l’avarice élit un objet, l’argent, dont elle s’interdit d’utiliser la valeur.
L’amour passionnel n’est pas amour d’un objet réel qui manque à l’appel… mais amour d’un objet irréel ou, pour le dire plus radicalement, amour d’un manque d’objet.
Or l’amour réel exige la réalité de la personne aimée.
La passion présente une analogie évidente avec toutes les formes d’hystérie, en raison d’un élément commun qu’on pourrait appeler la recherche obstinée du malheur. … Dans le premier cas, on parvient au malheur par la recherche d’un objet incapable de satisfaire (ou qu’on a rendu incapable de satisfaire). Dans le second, l’hystérie, on recherche directement l’insatisfaction en tant que telle (en ce sens, on pourrait parler d’une relative « sincérité » de l’hystérie, par rapport à l’hypocrisie présente en toute passion qui, elle, fait toujours semblant de chercher son bonheur).
L’hystérie et la passion ont donc en commun une tendance invincible qui les voue à l’insatisfaction et les porte à chercher au sein de la douleur la source de tout apaisement, passage dans le cas de l’hystérie, plus intense mais peut-être aussi plus jouissif dans le cas de la passion.
La plainte hystérique en veut au réel. La passion va plus loin : elle l’ignore. C’est pourquoi l’hystérie s’attaque à des objets réels, pour les mieux accuser ; la passion à des objets irréels, pour être sûre de na jamais les obtenir....
Le thème 2007/2008 est « Utopies et désenchantement ».
Cette année Philippe Corcuff innove (avant de prendre une année sabbatique… ;-( ) Il a d’abord proposé un « atelier philosophique », et puis là, c’est un « cours dialogue » avec Tanguy Wuilleme.
Pour cette première rencontre, l’amphi était plein… et le cours très intéressant…
Pour les non-lyonnais, possibilité de visiter le site de l’Université Populaire de Lyon sur lequel on peut même trouver les fichiers MP3… http://uplyon.free.fr
Seule la partie « cours » est enregistrée, pas la suivante « questions-réponses ». Ce 14 janvier, les deux intervenants nous ont proposé un cours de deux heures. A 21 heures pétantes (fin du cours), tout le monde est parti. Comme des gosses qui entendent la cloche sonner. Personne n’a posé de questions, il était l’heure d’aller se coucher ! Mais comment font-ils pour dormir autant ????????? ;-)
La philosophie, l'art et la religion existent parce que la mort oblige les hommes à inventer des parades pour ne pas avoir à succomber et à trembler d'effroi devant elle.
Michel Onfray
Je pensais ne pas faire, dans mon blog, deux articles sur la même
personne, sur le même sujet…Et puis voilà, ce sera, le deuxième sur
Michel Onfray qui a une actualité chargée...
(et puis qui le vaut bien aussi ! ;-)
Il sort en même temps deux bouquins :
En parallèle, il a repris ses :
et fait la couverture de :
Ce charismatique hédoniste, toujours dans le don, le partage, a inauguré à Argentan dans l’Orne, le mois dernier,
"La fracture sociale est aussi gastronomique",
souligne Michel Onfray. Avec cette Université,
"nous voulons proposer aux gens de toutes conditions d'apprendre à retrouver
le goût des choses".
http://www.20minutes.fr/article/112885/Culture-Une-Universite-populaire-du-gout-pour-reduire-la-fracture-gastronomique.php
http://pagesperso-orange.fr/michel.onfray/
Le philosophe, essayiste et cofondateur du Nouvel Observateur : André Gorz se donne la mort avec son épouse Dorine, gravement malade et condamnée…
Considéré comme un penseur de l'écologie politique et de l'anticapitalisme. Auteur de nombreux ouvrages, dont "Ecologie et Politique", "Ecologie et Liberté", "Adieux au prolétariat" et "Métamorphoses du travail".
Et puis aussi : éternel amoureux, consacrant à Dorine en 2006 le livre "Lettre à D. Histoire d'un amour" où l’on pouvait lire ces mots :
"Tu viens juste d'avoir quatre-vingt-deux ans. Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Récemment je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide débordant que ne comble que ton corps serré contre le mien. [...] Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l’autre"
"La passion amoureuse est une manière d’entrer en résonance avec l’autre, corps et âme et avec lui ou elle seuls. Nous sommes en deçà et au-delà de la philosophie."
"Notre rapport est devenu le filtre par lequel passait mon rapport au réel."
"L'amour est la fascination réciproque de deux sujets dans ce qu'ils ont de moins dicible, de moins socialisable, de réfractaire aux rôles et aux images d'eux-mêmes que la société leur impose, aux appartenances culturelles."
http://www.metrofrance.com/fr/article/afp/2007/09/24/070924161842_zodwzjgh/index.xmlIci c'est le soleil, la plage (enfin normalement, parce qu'aujourd'hui, "en vrai" ce n'est pas le cas, pas de soleil et fait pas chaud, mais ça ira mieux demain…) et puis ce sont aussi les apéros, les vide-greniers, le farniente, lecture…
Nouveauté, cet été le bouquin a même été détrôné sur la plage, par la philo… Car après s'être "infiltré" dans mon auto radio, Michel Onfray, est maintenant dans mon MP3 et m'accompagne sur le sable chaud… Vous imaginez mon addiction ? Mais non, ne prenez pas peur, c'est juste que ce charmant bonhomme va bientôt sortir un cd des cours de l'année (ceux qui sont diffusés actuellement sur France culture (ouhalala, ça fait chouette, ça non… ben moi j'écoute France Culture en vacances, ma chère… !) Bref, revenons à notre Philosophe… donc c'est surtout parce que je voulais être à jour, et comme j'avais quelques années à rattraper…et qu'une année c'est plus de 20 conf d'une heure chacune… ! Beaucoup d'écoute en perspective, que du bonheur !
Donc Mister Onfray, si vous passez par là, sachez que j'aime beaucoup ce que vous faites, votre mise à la portée, votre humour… quel plaisir, quelle joie (tout un programme !) de vous écouter, encore et encore… ;-)
Je ne m'en lasse pas ! ;-)
Voilà pour la séquence groupie ! Mais franchement si j'avais eu un prof comme celui-ci...
Quant à vous tous, j'espère que vous allez bien et que vous passez un agréable été.
Merci de vos visites ici, dans mon petit chez moi...
Et à très bientôt. ;-)
Et pour le plaisir, une grande citation :
Dans les pratiques qui visent le plaisir, la culture est ce qui distingue l’hédonisme vulgaire de l’hédonisme philosophique. Toute jubilation n’est pas bonne parce qu ‘elle est jubilation. A ce titre, les animaux connaîtraient la sagesse la plus accomplie ; ils illustreraient la sapience la plus achevée alors qu’ils illustrent l’hédonisme vulgaire, celui dans lequel se trouvent ceux qui jouissent brutalement, sans soucis ni éthiques ni esthétiques. Je crois vraiment que, disons le ainsi, jouissance sans conscience n’est que ruine de l’âme. Le rut et l’herbe broutée, la copulation sauvage et la proie déchiquetée par l’animal ne sont certainement pas exempts d’une satisfaction pour lui, mais qui en aucun cas ne relève d’une situation éthique, esthétique et hédoniste. Sur ce sujet, on pourrait avancer que l’érotisme est à la sexualité ce que la gastronomie est à la nourriture : un supplément d’âme. Et qu’il n’est de dimension hédoniste dans un plaisir que lorsque entrent en jeu ce supplément d’âme, cet ajout à la jubilation d’un sentiment qui n’ignore pas le monde, les autres, le réel, la situation dans laquelle on se trouve, l’intersubjectivité dans laquelle tout ce qui advient se déploie. L’hédonisme vulgaire est solipsiste, pratiqué et revendiqué comme tel. Il d’autant vulgaire qu’il oublie et néglige autrui, voire le sacrifie, l’utilise et l’exploite. Philosophique, il est soucieux d’autrui et vise moins à être en tant que tel que de permettre une relation harmonieuse et réussie. Le premier vise sa propre fin, le second est à inscrire dans l’économie d’une éthique dont j’ai formulé ailleurs la nature.
Et l’ange hédoniste, dans tout cela ? J’espère qu’on voit mieux à quoi il ressemble, mélange de kunique et de condottiere qui nécessite qu’on modifie le discours de l’angélologie classique, car il est mixte de poète et de messager, de philosophe et d’artiste. Charnel, sensuel, raffiné, élégant et délicat, il pratique la prévenance et le souci d’autrui. Modèle hyperesthésique, il veut exacerber ce que peuvent les sens, ce que fournissent les perceptions, ce qui structure les émotions. Puissant, il goûte la force autant qu’il déteste la violence, car il sait qu ‘elle est le seul instrument qui permette de sculpter son existence, son destin et son corps, comme on le fait pour une œuvre d’art. Omniscient, il sait autant ce que peuvent les fraises dans le jardin d’un père et le flacon d’un premier Yquem. Partout où une mère cuisine, chante et berce, là où un père touche la peau de son enfant, lui caresse le corps, il est présent. Là où des mains se joignent, des bouches aussi, là où s’échangent et où se voient des signes, des gestes d’affection, de prévenance, de tendresse et de douceur, il est . A la table, aux fourneaux, dans les cuisines, au cellier, il veille.
Il ignore l’eau bénite, et préfère le vin ; redoute l’encens et goûte particulièrement les parfums d’un corps aimé ; le ciel ne lui plait que parce qu’il permet de se déplacer vite entre deux points sur terre, là où la vis se déplie, donc là où est l’essentiel.
On lui doit le clin d’œil des émotions superlatives, les ivretés voluptueuses, les somptueuses nourritures éphémères, les énergies sculptées, les politesses célébrées, les vitalités exacerbées, les jubilations souhaitées . Goûteur de pommes aux paradis qui n’en ont plus pour longtemps, sa devise est Carpe Diem. Je crois qu’il faut lui abandonner nos vies de sorte que Thanatos, quand il triomphera, n’ait à ranger dans sa besace qu’un corps qui aura brûlé jusqu’aux derniers feux.
Michel ONFRAY - La raison gourmande.
"Se connaître, c’est précisément connaître ce qui est bien, ce qui favorise la vie et non accumuler des expériences stériles."
Une jolie découverte : "Eloge de la faiblesse" d’Alexandre Jollien.
Un petit bouquin que je n’ai pas pu lâcher. 100 pages de joie de vivre malgré la différence, le handicap (17 ans dans une institution pour handicapés moteur cérébral) ou la résilience en 100 pages, un régal.
Le parcours de ce jeune philosophe d’une trentaine d’années est étonnant. Ce premier livre est impressionnant.
"La douceur de la vie dans sa simplicité la plus pure rappelle qu'il faut profiter d'elle envers et contre tout. la vie n'était pas une rivale, mais une alliée. Alliée exigeante, sévère, mais alliée tout de même. Bien sûr, nous n'en avions absolument pas conscience, nous le vivions cependant au jour le jour".
Now, je suis dans la lecture de « La construction de soi », livre plus ardu, bourré de références philosophiques, vraiment très agréable l’écriture de ce philosophe.
" Une vie peut très bien ne se justifier que par le combat. J’ai consacré la mienne à livrer bataille contre les séquelles d’une infirmité qui a fini par occuper le centre de mon existence……
Une chose est de refuser sa singularité, une autre est de s’y complaire, s’y claquemurer. Je tenterai à partir de la tradition philosophique de dessiner un art de la joie. »
Un site : http://www.alexandre-jollien.ch/chroniques/petite_philosophie_printaniere.htm
avec un très joli texte... Petite philosophie printanière... ;-)
"Un homme est toujours la proie de ses vérités".
Albert Camus
Le Mythe de Sisyphe
Je viens de découvrir dans mon grenier un petit bouquin tout poussièreux. J’ai soufflé dessus envoyant balader les acariens, aucun signe de lépisme amateur de papier… Juste la marque du temps : la poussière, le jaunissement. Il date de 1948…
Il m’a fallu couper toutes les pages. J’ai pensé qu’avant, un livre se méritait, et qu’il était amusant d’avoir à faire de tels gestes pour accéder au texte, pour le mettre « à jour ».
Il m’arrive souvent quand je lis un livre emprunté d’imaginer tous les regards suivant les lignes, tous les doigts tournant la page. Il serait amusant de mettre des visages sur ceux qui se sont risqués dans ces lectures avant moi.
Mais là, pour ce livre, personne ! J’ai séparé les pages les unes après les autres, un peu comme si je faisais naître ce livre. Quel joie, pour une valeur sûre comme La Peste d’Alain Camus. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas lu cet auteur, c’est un rappel à l’ordre très agréable, le hasard n’existe pas…
Je voulais vous faire partager ce petit bonheur d’hier soir. Du coup, même s’il n’est pas beau, ce bouquin à une certaine valeur pour moi et si je vous délaisse quelque peu c’est que ce voyage à Oran, et le combat du Docteur Rieux m’accapare quelque peu...