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L'épreuve du 17 juin 2010

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« Exprimer une idée est une activité difficile à laquelle
il faut s’exercer ; la télé supprime cet exercice ;
nous risquons de devenir un peuple de muets,
frustrés de leur parole,
et qui se défouleront par la violence. »

Albert Jacquard –
Extrait de Petite Philosophie à l’usage des non-philosophes.

 

Heureux qui comme l’étudiant français peut s’interroger sur le sens de la vie et philosopher sur des sujets tels que l’art, le bonheur, la vérité, l’histoire, le passé ou l’avenir.  

327 785 candidats au bac général ont disposé de trois sujets au choix et de quatre heures pour plancher. Une bonne chose de faite, cette épreuve est toujours redoutée !

Les sujets  :

Série scientifique (coeff : 3) :

  • L'art peut-il se passer de règles ?
  • Dépend-il de nous d'être heureux ?

L’ignorance des causes et de la constitution originaire du droit, de l’équité, de la loi et de la justice conduit les gens à faire de la coutume et de l’exemple la règle de leurs actions, de telle sorte qu’ils pensent qu’une chose est injuste quand elle est punie par la coutume, et qu’une chose est juste quand ils peuvent montrer par l’exemple qu’elle n’est pas punissable et qu’on l’approuve. […] Ils sont pareils aux petits enfants qui n’ont d’autre règle des bonnes et des mauvaises manières que la correction infligée par leurs parents et par leurs maîtres, à ceci près que les enfants se tiennent constamment à leur règle, ce que ne font pas les adultes parce que, devenus forts et obstinés, ils en appellent de la coutume à la raison, et de la raison à la coutume, comme cela les sert, s’éloignant de la coutume quand leur intérêt le requiert et combattant la raison aussi souvent qu’elle va contre eux. C’est pourquoi la doctrine du juste et de l’injuste est débattue en permanence, à la fois par la plume et par l’épée. Ce qui n’est pas le cas de la doctrine des lignes et des figures parce que la vérité en ce domaine n’intéresse pas les gens, attendu qu’elle ne s’oppose ni à leur ambition, ni à leur profit, ni à leur lubricité. En effet, en ce qui concerne la doctrine selon laquelle les trois angles d’un triangle sont égaux à deux angles d’un carré, si elle avait été contraire au droit de dominer de quelqu’un, ou à l’intérêt de ceux qui dominent, je ne doute pas qu’elle eût été, sinon débattue, en tout cas éliminée en brûlant tous les livres de géométrie, si cela eût été possible à celui qui y aurait eu intérêt.

HOBBES, Léviathan

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Série économique et sociale  (coefficient : 4) :

  • Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?
  • Le rôle de l'historien est-il de juger ?

La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux, par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints. Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si la règle morale est oeuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ; c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son dieu ; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui, reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité morale.

DURKHEIM, L’éducation morale

Série littéraire : (coefficient : 7)

  • La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?
  • Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu. L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à l'exigence de la loi ; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas. Aussi est-il dit dans le Code1 : « II n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa lettre, on contredit la volonté du législateur ». II juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente.

Thomas d'Aquin, Somme théologique

Commentaires

  • "Dépend-il de nous d'être heureux ?"
    Question fondamentale s'il en est.
    Si cela est vrai, pourquoi tant de gens sont-ils malheureux ? Sont-ils donc tous masos ?
    Pourtant, je pense que nous fabriquons nous-même une grande part de notre bonheur ou de notre malheur. Il est bien connu que certaines personnes sont toujours moroses, et d'autres toujours enjouées. Mais les événements imprévus de la vie vont se charger de pimenter tout ça, de nous balancer dans le caniveau ou au contraire de nous envoyer au septième ciel. Heureusement que tout n'est pas écrit, cela permet d'espérer...

  • La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?

    Dans le cas de la Vérité avec un "V", on peut dire que Non, sa recherche n'est pas désintéressée puisqu'elle nous fait vivre : chercher sans cesse à savoir pourquoi et/ou pour qui nous existons ?

    Dans le cas de la petite vérité, celle de l'authenticité et de la véracité des faits et des intentions, la réponse est encore Non, puisque tout ce qui la contrarie nous rend malheureux... pour la vie parfois.

    C'est mon sentiment.

    Cependant, je ne nie pas que certains philosophes nous font cheminer vers Elle de manière partiellement désintéressée.

  • Hop. Ce soir, je repasse le bac :

    Série scientifique (coeff : 3) :
    - L'art n'a pas de règles, sinon, ce ne sera de l'art mais une usine robotisée
    - Sans les autres, comment être heureux seul sur son île déserte : Pour être heureux, on dépend des autres qui dépendent les uns des autres.
    - La pensée humaine est une remise en cause constante, jusqu'au jour où la masse décide d'une direction. Cependant la masse n'a pas toujours raison contrairement à ce qui existe avant l'homme, comme par exemple la géométrie :O)

    Série économique et sociale (coefficient : 4) :
    - Une vérité scientifique peut être dangereuse pour les gens qui croient que la Terre est carrée ou que la Terre est le centre de l'Univers. Pour ceux qui savent se remettre en question, c'est un catalyseur pour avancer encore et encore.
    - Le rôle de l'historien est d'analyser, pas de juger. Sinon, ce ne sera plus un historien, mais un protagoniste des soubresauts de l'histoire qui vit, juge et meurt avec la vision qu'il a de son monde.
    - On ne dit pas toujours ce qu'on pense pour rester vivant dans une société où la masse impose la pensée à suivre.

    Série littéraire : (coefficient : 7) :
    - L'intéressement, c'est ce vers quoi nous conduit la curiosité. Pour trouver la vérité, c'est qu'on est lié, qu'on cherche une reconnaissance, qu'on tente de trouver une réponse ... On ne peut pas trouver la vérité, si rien ne nous intéresse, n'est ce pas ?
    - Le passé nous donne la clé de l'avenir. C'est un livre d'expériences qui nous indique les erreurs à éviter. Mais, lire uniquement ne permet pas de prédire le futur. Pour inventer un avenir, il faut mettre la main à la pâte quitte à rater plusieurs fois la recette du gateau au chocolat ...
    - Comme quoi, pour conclure, je dirai simplement : Je crois bien qu'on est l'unique espèce sur Terre à se faire les noeuds au cerveau avec de telles questions !!! La loi donne un cadre général, mais la loi ne définit pas l'exception qui restera le domaine du juge qui lui même dépendra de son passé qui a peut être les confontations avec la loi ... Comme on dit si bien " La boucle est bouclée. "

    Alors, j'ai eu mon bac Miss Kris ? Biz. Je pense que je ne peux pas faire pire que l'équipe FR en Afrique du Sud

  • J'ose ; je relève Pat.Laforet votre assertion "Pour être heureux, on dépend des autres qui dépendent les uns des autres".
    Le mot "dépendre" m'interpelle car pour moi il a une connotation négative. "Besoin" me semble plus approprié. L'on a besoin de manger, de boire pour rester vivant. Sans nourriture, sans eau l'on meurt. Comme l'on a besoin de l'aide d'un ami dans la difficulté, par exemple. En amour c'est du pareil au même !
    Ceci-dit je pense aussi comme Jean-Paul Sartre que "L'enfer c'est les autres" parfois, souvent ?

  • A mon avis, l'art subit des règles....ne serait-ce que celles des personnes qui décident qu'une création est (ou n'est pas) de l'art.
    Cela peut aller de la sacrosainte "règle d'or" à la provocation.
    Bien sûr, chacun peut créer ce qu'il veut, mais cela sera-t'il reconnu comme de l'art ?
    Et même...toute création est dépendante de règles et de lois (l'équilibre, la bonne coexistence des matériaux, etc...)
    Tout ce qui est vivant est soumis à des règles...notre corps l'est et nous ignorons à quel point (sauf quand une maladie nous alerte enfin sur le joyeux mépris que nous en avons eu)

  • Ma chère Kris,
    je viens déposer un doux baiser pour te signifier que je ne t'oublie pas !!!!

    Deux sujets m'auraient plu :
    * Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?
    * Dépend-il de nous d'être heureux ?

    Mais je ne vais pas disserter mais t'embrasser très fort !!!!!!!
    OLIVIER ET BONNES VACANCES !!!!

  • J'ose ; je relève Pat.Laforet votre assertion "Pour être heureux, on dépend des autres qui dépendent les uns des autres".
    Le mot "dépendre" m'interpelle car pour moi il a une connotation négative. "Besoin" me semble plus approprié. L'on a besoin de manger, de boire pour rester vivant. Sans nourriture, sans eau l'on meurt. Comme l'on a besoin de l'aide d'un ami dans la difficulté, par exemple. En amour c'est du pareil au même !
    Ceci-dit je pense aussi comme Jean-Paul Sartre que "L'enfer c'est les autres" parfois, souvent ?

  • Comme quoi, pour conclure, je dirai simplement : Je crois bien qu'on est l'unique espèce sur Terre à se faire les noeuds au cerveau avec de telles questions !!! La loi donne un cadre général, mais la loi ne définit pas l'exception qui restera le domaine du juge qui lui même dépendra de son passé qui a peut être les confontations avec la loi ... Comme on dit si bien " La boucle est bouclée. "

  • Comme on dit si bien " La boucle est bouclée. "

  • Il me faut trouver le temps de me poser pour répondre à vos commentaires.
    Merci pour votre fidélité si précieuse.
    J'espère que vous passez un agréable été.
    Je viendrai vous répondre.
    A tout bientôt. Merci encore à vous tous.

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