Vous !
"...Vous,
qui dans les langueurs du zéle monastique,
ignorez de l' amour l' empire tyrannique ;
vous enfin, qui n' ayant que Dieu seul pour amant,
aimez par habitude,
et non par sentiment :
que vos cœurs sont heureux, puisqu' ils sont insensibles !
Tous vos jours sont sereins, toutes vos nuits paisibles.
Le cri des passions
n' en trouble point le cours. Ah !
Qu' Héloïse envie et vos nuits et vos jours !
Héloïse aime et brûle
au lever de l' aurore,
au coucher du soleil elle aime
et brûle encore,
dans la fraîcheur des nuits elle brûle toujours.
Elle dort pour rêver
dans le sein des amours.
à peine le sommeil a fermé
mes paupières,
l' amour, me caressant de ses aîles légères,
me rappelle ces nuits,
chères à mes désirs,
douces nuits, qu' au sommeil disputaient les plaisirs !..."
Alexander Pope
Lettre d'Héloïse à Abélard