« Quand on reçoit le dernier Nothomb on est prévenu : c’est la fin des vacances ! » ironisait Jean-Louis Ezine, critique littéraire du Nouvel Obs.
Quoique le nouveau Nothomb est sorti en août…
Ce sera « Ni d’Eve ni d’Adam »… dernier bouquin de cette écrivaine belge de langue française née le 13 août 1967 à Kōbe au Japon.
Elle écrit des quantités de livres, mais un seul est publié par an, la preuve :
Ø Hygiène de l’assassin, 1992 (Prix René-Fallet. Prix Alan-Fournier)
Ø Le Sabotage amoureux, 1993 (Prix de la Vocation. Prix Alain-Fournier, Prix Chardonne)
Ø Les Combustibles, 1994
Ø Les Catilinaires, 1995
Ø Péplum, 1996
Ø Attentat, 1997
Ø Mercure, 1998
Ø Stupeur et tremblements, 1999 (Grand prix du roman de l'Académie française)
Ø Métaphysique des tubes, 2000
Ø Cosmétique de l’ennemi, 2001
Ø Robert des noms propres, 2002
Ø Antéchrista, 2003
Ø Biographie de la faim, 2004
Ø Acide sulfurique, 2005
Ø Journal d’Hirondelle, 2006
Les autres ne le seront jamais, il paraît qu’elle a laissé des consignes testamentaires…
Je ne vous ferai donc pas le résumé de sa 15ène de bouquins (d’autant plus que j’ai un peu décroché au niveau des derniers…). Mais j’aime bien son écriture, et cette femme m’intrigue… J’apprécie son mystère (ange ou démon ?), l’originalité de ses histoires… sa gravité, son ironie, son humour, sa cruauté, sa gravité…
« Un auteur qui passe par la légèreté pour aborder des thèmes très violents. Elle possède une vision originale, marquée par un jeu permanent de contradictions. On a l’impression, à chacun de ses livres, de voir un train qui s’élance et qui déraille en même temps. Son univers possède un niveau de complexité qui résiste à l’analyse littéraire » selon Laureline Amanieux qui a fait une thèse sur « personnage et identité dans l’œuvre d’Amélie Nothomb », verdict louangeur confirmé par Jacques de Decker, écrivain, grand critique littéraire « tout ce qui tourne autour du corps, en particulier, est unique chez elle, les lecteurs retrouvent dans ses livres l’expression d’un vertige, d’un vécu d’angoisse, qu’ils ne trouvent nulle part ailleurs. »
Elle écrit le matin entre 4 et 8 h, assise sur un vieux canapé, un petit cahier sur les genoux, un stylo usagé..1/2 litre de thé très noir, pas de tél. portable, d’ordi…
Très ritualisée « tout mon quotidien est structuré de manière à échapper à l’angoisse »
Alors qui n’a pas pu résister au dernier Nothomb ?
Et juste pour se mettre l’eau à la bouche quelques citations :
Péplum :
Il y aura toujours dans la foule un crétin qui, sous prétexte qu'il ne comprend pas, décrétera qu'il n'y a rien à comprendre. Hygiène de l'assassin :
L'écriture commence là où s'arrête la parole, et c'est un grand mystère que ce passage de l'indicible au dicible.
Attentat ;
Si le corps humain comportait vingt-cinq sexes au lieu d'un, il perdrait beaucoup de son pouvoir érotique. Ce qui fascine, ce sont les îlots.
Il faut en soi beaucoup de substance pour être capable d'estimer un créateur, a fortiori pour déterminer sans " l'aide " de quiconque s'il est estimable. Or la plupart des gens ne contiennent pas ou peu de substance. C'est pourquoi il y a tant de fans et si peu d'admirateurs, tant de contempteurs et si peu d'interlocuteurs.
La rose qui meurt de soif a besoin du jardinier, mais le jardinier a encore plus besoin de la rose qui meurt de soif : sans la soif de sa fleur, il n'existe pas.
Mercure :
La laideur, c'est rassurant : il n'y a aucun défi à relever, il suffit de s'abandonner à sa malchance, de s'en gargariser, c'est si confortable. La beauté, c'est une promesse : il faut pouvoir la tenir.
À quoi serviraient les morts, sinon à aimer les vivants davantage ?
Les Combustibles :
Je suis un intellectuel, c'est-à-dire un être qui attend passionnément qu'on le contredise.
Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie. Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.
Cosmétique de l’ennemi :
C'est drôle ce besoin qu'ont les gens d'accuser les autres d'avoir gâché leur existence. Alors qu'ils y parviennent si bien eux-mêmes, sans l'aide de quiconque.
Les Catilinaires :
Affronter un bavard est une épreuve, certes. Mais que faire de celui qui vous envahit pour vous imposer son mutisme ?
Il est des maisons qui donnent des ordres. Elles sont plus impérieuses que le destin : au premier regard on est vaincu. On devra habiter là.
Métaphysique des tubes :
La meilleure raison, pour se suicider, c'est la peur de la mort.
On n'a rien inventé de mieux que la bêtise pour se croire intelligent.
La mort, comme un terrier, comme une chambre aux rideaux fermés, comme la solitude, est à la fois horrible et tentante : on sent qu'on pourrait y être bien.
Vivre signifie refuser.
Le Sabotage amoureux :
Quand je serai grand, je penserai à quand j'étais petit.