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lattaignant

  • Dans les secrets du confessionnal...

    Abbe_de_Lattaignant.jpgUne fois n'est pas coutume,
    voilà donc un petit billet sur un homme d'église.....

     

     

     

    Gabriel-Charles de Lattaignant (1697-1779)  fut destiné à l'état ecclésiastique, puisqu’il était le cadet d’une famille aristocratique, ce n’est donc en rien une vocation, comme le rappelle un couplet rageur de la célèbre chanson J'ai du bon tabac, dont il a écrit quelques couplets :

     

    Un noble héritier, de gentillhommière
    Recueille tout seul un fief blasonné
    Il dit à son frère puîné
    « Sois abbé, je suis ton aîné ! »

     

    mais en ce qui me concerne c’est cette poésie galante que j’apprécie le plus… ;-)

     

    - Le Mot et la Chose -

    Madame, quel est votre mot
    Et sur le mot et sur la chose ?
    On vous a dit souvent le mot,
    On vous a souvent fait la chose.
    Ainsi, de la chose et du mot
    Pouvez-vous dire quelque chose.
    Et je gagerai que le mot
    Vous plaît beaucoup moins que la chose !

    Pour moi, voici quel est mon mot
    Et sur le mot et sur la chose.
    J'avouerai que j'aime le mot,
    J'avouerai que j'aime la chose.
    Mais, c'est la chose avec le mot
    Et c'est le mot avec la chose ;
    Autrement, la chose et le mot
    À mes yeux seraient peu de chose.

    Je crois même, en faveur du mot,
    Pouvoir ajouter quelque chose,
    Une chose qui donne au mot
    Tout l'avantage sur la chose :
    C
    'est qu'on peut dire encor le mot
    Alors qu'on ne peut plus la chose...
    Et, si peu que vaille le mot,

    Enfin, c'est toujours quelque chose !
    De là, je conclus que le mot

    Doit être mis avant la chose,

    Que l'on doit n'ajouter un mot

    Qu'autant que l'on peut quelque chose

    Et que, pour le temps où le mot

    Viendra seul, hélas, sans la chose,

    Il faut se réserver le mot

    Pour se consoler de la chose !

      Pour vous, je crois qu'avec le mot
    Vous voyez toujours autre chose :
    Vous dites si gaiement le mot,
    Vous méritez si bien la chose,
    Que, pour vous, la chose et le mot
    Doivent être la même chose...
    Et, vous n'avez pas dit le mot,
    Qu'on est déjà prêt à la chose.

    Mais, quand je vous dit que le mot
    Vaut pour moi bien plus que la chose
    Vous devez me croire, à ce mot,
    Bien peu connaisseur en la chose !
    Eh bien, voici mon dernier mot
    Et sur le mot et sur la chose :
    Madame, passez-moi le mot...
    Et je vous passerai la chose !

     

    Jolie, cette petite coquinerie, non ?