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  • 14 février....

    que la noce commence, théatre des célestins, lyon, bezace

    "Mon chéri, je t'aime..."

    Kris

     

    « Je te sors au théâtre »… c’était la proposition de mon amoureux pour le soir de la Saint Valentin… j’aime pas fêter la Saint Valentin... mais passer cette soirée avec celui que j’aime s’impose ! Même si c’est pour être blottie contre lui et regarder un film à la TV…

    Donc proposition particulièrement sympathique, j’aime sortir et, en cela, nous nous sommes bien trouvés tous les deux, toujours partants !

    « Que la noce commence » était au programme aux Célestins. Nous arrivons un peu en retard (mea culpa) nous nous garons loin, et courons dans les rues de Lyon, sous la pluie. Nous nous installons enfin et attendons sagement comme des mômes le lever de rideau.

    Et la magie opère ! Une super troupe... et Didier Bezace, le metteur en scène, joue la bonne mesure ! Je veux dire que parfois cela aurait pu être limite et puis non, c’est vraiment bien. De la musique, de la magie, de la poésie, de la bonne humeur, de la joie et le drame… tout bascule !

    Un petit village roumain… le carcan de la Russie, la mort de Staline… Comment va se comporter cette petite communauté ? Révolte, soumission, résistance, lâcheté, obéissance ? Après le rire franc et massif, le frisson, l’injustice insupportable… mais comme le spectacle est de grande qualité, on sort quand même heureux même si l’amertume est là…

    Après : « on se fait un petit restau ! »… Nous passons devant un petit chinois mais il n’y a plus personne, nous demandons s’il est encore possible de manger, on nous répond « oui », mais que nous n’avons pas le choix, ce sera nems, canard laqué… Parfait ! Nous nous asseyons, nous sommes seuls, nous apprécierons la cuisine et ce serveur qui sera aux petits soins pour ses derniers clients pendant que sa femme souriante, allaite son bébé de 3 mois dans l’autre salle…

    Comme elle était belle cette soirée, cette nuit… Alors, oui, je continue mon bonhomme de chemin d’amoureuse… et j’aime ça !

  • Résidents de la république

     « Qui est le grand chorégraphe,
    sinon ce grand fada sacré que la société semble payer
    pour le rachat de la mort des gestes »
    Hervé Guibert

    Ne pas sortir indemne, que quelque chose reste !!

    Parfois, on aimerait que ça dure encore, que les lumières ne s'allument pas, on voudrait rester dans notre fauteuil confortable, continuer à ne regarder que la scène et les artistes enchanteurs, rester tout contre celui que l'on aime, ne pas séparer nos mains unies durant tout le spectacle. Et même si tout autour ce sont des étrangers, on a l'impression d'avoir vécu quelque chose de fort, tous ensemble… On n'a pas envie de se lever, d'être ébloui par la lumière agressive de la salle, d'affronter le froid de l'extérieur, la folie des hommes, l’absurdité de ce monde… On souhaiterait juste préserver le ressenti, sans y mettre de mot, sans chercher à comprendre. L'impression de grâce, de sérénité, d'humanité  nous a envahi peu à peu, et on s'est volontiers laissé pénétrer par le spectacle offert : les gestes, la musique, les mots dits, les jeux de lumière…  L'émotion a pris toute sa place…
    Mais c'est fini, alors que l’on rêverait d'encore !!! Quelques-uns avec leurs grosses voix ont crié  "bravo", d'autres ont applaudi à s'en bruler les mains, je me suis levée, comme d'autres, j'ai laissé rouler quelques larmes sur mes joues… et j'ai pensé que certains hommes avaient un beau regard sur les autres, sur le monde, et que d'être capable de donner tant de bonheur c'est vraiment bien !

    C’était la deuxième fois que j’allais voir un spectacle de Jean-Claude Gallota.

    Daphnis e Chloé


    La première fois c’était Daphnis é Chloé. Une transposition en noir et blanc et à 3 voix de la fureur de vivre, de l’amour fou ! De beaux jeunes danseurs : Francesca Ziviani, la jolie brune qui tourne la tête à Nicolas Diguet, le fougueux et à Sébastien Ledig, filiforme, au torse nu…Beaucoup de sensualité, de grâce, d’équilibre, de fougue, de passion..  Magnifique !


    Racheter la mort des gestesLa deuxième fois, c’était hier et "Racheter la mort des gestes" m’a vraiment remuée. Un vrai puzzle s'est constitué tranquillement : la nana à la plastique parfaite aux jambes longues, longues, longues…  mais aussi le mec « normal » poilant, le mec poilu, le mec à poil, la nana un peu forte, la danseuse de tango, le couple de paralysés en chaise roulante,  les hommes en robe, la femme sans rien sous sa robe, le grand père et son petit fils, celui qui a mal aux genoux, celle qui a rêvé d'être danseuse, celle qui ne l'est plus. Alors oui, il est possible de danser même avec un corps imparfait, mutilé, vieux ou gros… La grâce est partout, il suffit juste de se permettre…. et d'être prêt à lever le voile et à accueillir…. Et puis Gallota parle de lui, de ses souvenirs,  un hommage à son ami, et à sa maman morte le soir d’une avant-première… Bref, un vrai tableau intime, sincère, terriblement touchant….Un bien beau spectacle…

    Ne pas partir indemne, pari gagné !  ça c'est sûr !!